RécifLe commerce du corail sauve le ... corail !
La revue « Conservation letters » a publié les conclusions de plus de 20 ans de recherches sur le commerce du corail vivant destiné aux Etats-Unis. Cette recherche, conduite par une équipe de chercheurs venant des universités Roger Williams (Bristol) et de Boston, de l'organisation Conservation International et du New England Aquarium, a pour titre « Tendance à long terme des importations de corail aux Etats-Unis ». Au cours de cette période, le commerce de corail vivant a progressé de 8% par an de 1990 à 2005 pour diminuer depuis de 9% par an. Les chercheurs pensent que la diminution de ces dernières années, variable suivant les espèces, est due à la conjoncture économique et à une augmentation de la production nationale.

Traditionnellement, le commerce du corail vivant destiné aux aquariophiles est considéré comme une menace pour les zones sous-marines et leur biodiversité.
Il semble que la réalité soit tout autre car la culture locale de coraux pour le commerce aquariophile offre une possibilité de développement économique aux populations locales tout en les encourageant à protéger les récifs sur lesquels sont prélevés les pieds mère.
À partir de cette constatation, les chercheurs démontrent que le commerce des coraux vivants pour l'aquariophilie récifale apporte donc de nouvelles opportunités pour la protection des récifs : « le commerce est passé d'une récolte sauvage à l'aquaculture, changement impliquant des efforts à long terme destinés à apporter un revenu durable aux populations locales » a déclaré Andrew Rhyne, professeur adjoint de biologie marine à l'université de Bristol et chercheurs au New England Aquarium. Cette conversion de la pêche sauvage à l'aquaculture apporte donc de nouvelles opportunités et devrait convenir aux défenseurs de l'environnement.
Aujourd'hui, la quasi-totalité des coraux exportés par la Malaisie sont originaires de l'aquaculture.

Dans le même temps, le « National Ocean and Atmosphéric Administration » vient de proposer de classer « en voie de disparition » plusieurs dizaines d'espèces de coraux durs. Cette classification aurait comme conséquence inattendue le retour à la pêche sauvage de ces espèces qui, ne pouvant donc plus être élevées, seraient braconnées. Elle entraînerait également une perte de revenus importante pour les populations locales qui dépendent étroitement de ce commerce pour leur subsistance.

Les récifs coralliens sont actuellement très gravement menacés du fait de l'activité humaine. Ces menaces proviennent notamment du réchauffement climatique qui entraîne une acidification des océans mais aussi de problèmes locaux tels que la turbidité des eaux due à l'industrie, et toutes autres causes qui peuvent, par exemple, induire une prolifération d'algues empêchant la croissance corallienne.

Alors que ce sont les pays occidentaux qui sont à l'origine des principales menaces qui pèsent sur les récifs, ce sont les populations locales qui voient leur principale source de revenus menacée. Le commerce des coraux destinés à l'aquariophilie récifale est un outil très puissant pour la protection des récifs. L'étude publiée par « Conservation Letters » le prouve.
Malheureusement, cet outil local de conservation risque d'être détruit à cause de la rigidité de règles qui sont pourtant bien intentionnées. Une approche plus sélective prenant en compte les efforts locaux de conservation semble tout à fait justifiée et serait tout à fait appropriée.

Contact pour les questions relatives à l'étude:
Andrew L. Rhyne, Ph.D.
Assistant Professor
Department of Biology and Marine Biology
Roger Williams University
One Old Ferry Road
Bristol, RI 02809 - USA
arhyne@rwu.edu